Plantes menacées

Flore mondiale : État des lieux

Par Royal Botanic Gardens

Flore mondiale : État des lieux

D’après le nouveau rapport faisant l’état des lieux des plantes dans le monde, rédigé par le Royal Botanic Gardens, une plante sur cinq serait menacée d’extinction.

La liste rouge de l’UICN recense déjà un certain nombre d’espèces végétales menacées mais, faute de moyen, cette dernière est rarement mise à jour. Le rapport évalue à 391 000 le nombre de plantes vasculaires connues à ce jour, plus de 2000 espèces sont recensées tous les ans.

Parmi les 391 000 espèces étudiées par le Centre de recherche botanique des Kew Gardens, 30 000 plantes sont protégées par la CITES (convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Presque la moitié sont des espèces d’orchidées.

Le pays contenant le plus de plantes vasculaires est sans conteste le Brésil avec 32 109 végétaux différents connus. Bien entendu, la présence de la forêt amazonienne et de ses 420 990 018 hectares y contribue fortement. Autre continent, autre végétation : l’Australie et la Chine sont les deux autres pays dans lesquels, chaque année, les chercheurs découvrent le plus de nouvelles plantes.

Parmi les nouvelles plantes décrites se trouve par exemple Drosera magnifica, une plante carnivore brésilienne qui mange des insectes, et peut mesurer jusqu’à 1,5 m. Elle existe sous la forme d’une petite population en haut d’une montagne de la région de Minas Gerais.

Autre nouvelle espèce décrite : Oberholzeria etendekensis, un arbuste succulent du désert qui représente un genre à lui seul. Il n’est connu que dans une localité du nord-est de la Namibie, avec seulement 30 individus. À noter également dans les espèces découvertes en 2015 : 13 nouvelles espèces d’Allium, le genre qui contient les espèces cultivées d’oignon, d’ail et d’échalotes.

Une autre nouvelle espèce est Sartidia isaloensis, une herbe trouvée dans le parc national Isalo de Madagascar. Sur cette île, à cause de la déforestation, des prairies ont été peuplées par des espèces invasives d’Afrique. Mais la flore contient aussi des espèces natives du genre Aristida, adaptées au feu. Sartidia isaloensis a survécu uniquement sur les bords de falaises calcaires du parc national Isalo, hors d’atteinte des feux. La seule autre espèce connue de Sartidia à Madagascar serait disparue.

Des espèces menacées d’extinction à cause des activités humaines

Mais plusieurs des nouvelles espèces décrites sont présumées éteintes. Par exemple, Tarenna agnata, de la famille des Rubiacées, n’a pas été vu vivant depuis 50 ans et a été découvert dans des collections d’herbiers. Une autre espèce considérée comme éteinte est une toute petite plante fleurie, haute de 3 à 4 mm, de la famille des Podostemaceae, des plantes connues pour se développer sur les rochers des cascades. La seule localisation de cette espèce, Ledermaniella lunda, est maintenant le site d’un barrage hydroélectrique et l’extraction de diamants a modifié les eaux du fleuve, signant la mort des plantes de cette famille.

Le rapport confirme qu’une plante sur cinq est à risque d’extinction. Les menaces qui pèsent sur les espèces végétales sont liées à l’agriculture, à l’utilisation des ressources biologiques, au développement résidentiel et commercial et à la modification des écosystèmes naturels.

Parmi les espèces menacées se trouve notamment Gilbertiodendron maximum, un arbre découvert dans la forêt tropicale du Gabon, qui mesure 45 m de haut, avec un tronc de 1,4 m de diamètre. C’est la plus grande des nouvelles espèces décrites en 2015. Il pèserait près de 105 tonnes !

En pratique, il n’est pas simple de prouver qu’une espèce est éteinte. Il arrive même parfois de redécouvrir des espèces présumées disparues : c’est le cas d’un arbre brésilien, le guarajuba, ou Terminalia acuminata. L’espèce qui était abondante dans les environs de Rio de Janeiro a été décrite en 1867. Mais l’arbre a été surexploité, en raison de la qualité de son bois, ce qui a conduit l’espèce à l’extinction. Considérée comme éteinte dans la nature, elle persistait malgré tout avec cinq spécimens vivants au Jardin botanique de Rio de Janeiro.

 

Le rapport a également permis de déterminer les principales menaces encourues par la flore :

  • Plus de 9 000 espèces sont directement menacées par l’agriculture, dont 4 765 par les exploitations intensives et 3 656 par l’élevage.
  • 6 182 sont menacées par l’utilisation abusive des ressources naturelles : 4 340 par l’exploitation forestière et 1 788 par la collecte/ cueillette de plantes.
  • 3 724 végétaux craignent le développement résidentiel et commercial sur leur habitat.
  • 2 687 sont victimes de modifications de leur environnement comme les feux ou les inondations.
  • 1614 plantes sont menacées par les espèces invasives.

Les autres menaces, moins importantes, sont la pollution, les voies de transports, la production d’énergie et l’exploitation des mines. Concernant le changement climatique, beaucoup seront étonnés qu’il ne soit qu’une faible menace, avec seulement 4 % d’espèces concernées.

Les auteurs de l’étude précisent cependant que nous ne possédons pas encore du recul nécessaire et que la portée du réchauffement climatique risque d’être à long terme une menace très importante.

Grâce au rapport réalisé par le centre londonien, nous en savons un peu plus aujourd’hui sur notre flore mondiale : sa richesse, les menaces qui pèsent sur elle et l’importance qu’elle a pour notre société. « On avait déjà un état du monde des oiseaux, des tortues marines et même des pères de famille. Mais, malgré sa grande importance, on attendait encore d’avoir un état des lieux du monde des plantes. C’est désormais chose faite », souligne Kathy Willis, directrice scientifique des jardins botaniques royaux de Kew.

En Algérie et faute d’inventaire exhaustif sur la flore, il est difficile d’affirmer l’extinction de certaines espèces, par ailleurs, l’anthropisation des milieux pourrait conduire à ce malheureux constat, connaître l’état de conservation des espèces de flore est un impératif, si on veut s’inscrire dans une politique efficace de conservation.